Page:Foucaux - Le Religieux chassé de la communauté, 1872.djvu/17

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aux aumônes et le filtre pour l’eau[1], ayant épousseté son manteau, lavé ses pieds et ses mains et filtré de l’eau, il prit des feuilles pour servir d’assiettes, et, s’étant assis, il se mit à faire son repas.

Sounanda resta debout devant lui et le religieux lui dit : — Mon ami, voulez-vous ce qui reste des aumônes ?

Sounanda sentant que, s’il ne mangeait pas, il s’exposait à mourir de faim, répondit : — Saint homme, je le veux bien.

Le religieux donna à Sounanda le reste des aumônes et, quand il eut mangé, il lui demanda où il allait.

— Saint homme, je suis du pays de Sroungfched ; là, dans la ville de Phargyal, demeure un chef de marchands nommé Nanda ; je suis son fils et je m’appelle Sounanda.

J’avais rassemblé une grande quantité de marchandises, mais j’en ai été, pour mon malheur, dépouillé par une courtisane sans qu’il m’en reste rien.

Le religieux dit : — Mon ami, pourquoi n’entres-tu pas en religion ?

Sounanda se mit à penser : Si je retourne dans ma ville natale, au lieu de cracher à terre, on crachera sur moi ; et il dit au religieux :

— Saint homme, je veux entrer en religion !

Le religieux reçut les vœux de Sounanda et, afin d’en faire un religieux accompli, ne cessa pas, pendant deux ou trois jours, de lui enseigner la loi et de la lui faire bien comprendre.

Puis il lui dit : — Maintenant, mon ami, il faut aller dans la

  1. Les religieux bouddhistes filtraient l’eau afin de ne pas avaler les animalcules qu’elle contient et dont ils voulaient conserver l’existence.