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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/164

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dans les yeux. Quoique je n’eusse jamais eu grand’foi aux miracles des gens à secrets, la foiblesse où j’étois reduite m’avoit insensiblement disposé l’esprit à la crédulité. Et comme il n’y a rien qu’on se persuade plus aisément que ce que l’on souhaite avec plus d’ardeur, je fis prier Mr. Vise-à-l’œil de passer chez moi, ne doutant pas qu’il ne me rendît bientôt la santé. Au premier abord sa phisionomie me plut. Je lui trouvai un air ouvert & gracieux, au lieu de ce caractére effrayant qui est empreint sur le front de la plupart des Médecins & des Charlatans. Il commença par exiger de ma franchise une bréve confession de ma vie passée avant de tomber malade, & du régime que l’on m’avoit fait observer depuis. Après quoi, m’ayant fixée attentivement l’espace de deux ou trois minutes, sans faire le moindre mouvement ni proférer un seul mot, il rompit le silence en ces termes : « Mademoiselle, vous êtes fort heureuse que les Médecins