Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/26

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Mais une chose qui piquoit ma curiosité & ne m’inquiétoit pas peu, c’étoit de savoir la nature du négoce auquel j’allois être associée. Le luxe de mes compagnes m’étonnoit. Je ne concevois pas comment elles pouvoient soutenir de semblables dépenses. J’étois si bouchée, ou plutôt si neuve encore, qu’il ne me vint jamais en pensée de deviner ce qui tomboit de soi-même sous les sens. Cependant, tandis que je me creusois l’imagination à développer cette prétendue énigme, on servit le potage, & nous nous mimes à table. Quoique la chére ne fût pas mauvaise, l’appétit & la bonne humeur des convives y servit d’épices & en rehaussa les apprêts. Nous officiames toutes de maniére à faire perdre aux subalternes l’espérance de notre desserte. Aussi, de peur d’étouffer, nous avions de tems en tems la précaution de détremper les vivres. Tout alloit au mieux jusques-là. Mais deux de nos Demoiselles ayant outrepassé les bor-