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L’HOMME.

rants que les jésuites, devaient bientôt regarder avec quelque défiance un bon nombre de sciences ; Descartes, lui, conserva toujours un esprit de tolérance beaucoup plus large : il était porté à croire qu’il est avec la théologie des accommodements. Il avait trop parcouru le monde pour ne pas voir combien les croyances religieuses changent avec les pays : il gardait sa religion, parce qu’elle en valait une autre — et même lui semblait valoir mieux, — mais aussi parce que c’était la religion « en laquelle il était né ». Si le théologien réformé Regius le presse d’examiner les fondements de sa foi avec autant de soin que ceux de sa philosophie, il se borne à répondre : j’ai la religion du roi, j’ai la religion de ma nourrice. À ceux qui voulaient changer de culte, il conseillait de rester tranquilles dans la foi de leurs pères.

Le « sens figuré » de la Bible a toujours été un refuge pour les grands esprits qui furent en même temps des croyants. Descartes est du nombre. Il y a, selon lui, « des façons de parler de Dieu dont l’Écriture se sert ordinairement, qui sont accommodées à la capacité du vulgaire et qui contiennent bien quelque vérité, mais seulement en tant qu’elle est rapportée aux hommes ». Il y a d’autres façons de parler qui ont une valeur absolue et sont les objets d’une foi raisonnable : « ce sont celles qui expriment une vérité plus simple et plus pure, qui ne change point de nature, encore qu’elle ne soit point rapportée aux hommes ». On reconnaît