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Page:Fouillée - Nietzsche et l’immoralisme, 2e éd., 1902.djvu/229

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la venue du surhomme


Dans ces magnifiques effusions de l’âme toujours prête à donner, Zarathoustra n’oublie-t-il point son sermon en faveur de l’égoïsme, qui consiste précisément à dire : tout pour moi ? À moins que Zarathoustra ne prenne l’égoïsme au sens de désintéressement ; il n’est que de s’entendre Le moyen est commode pour paraître tout renouveler, et c’est à quoi Nietzsche tient de toutes ses forces ; car son moi à lui-même, hélas est gonflé de soi, et son esprit est possédé par son système. Aussi après avoir magnifiquement chanté l’éternelle sagesse et l’éternelle vertu, il s’efforce de nous faire croire qu’il apporte à l’humanité une révélation inconnue et inouïe.

    Quand tous vous élevez au-dessus de la louange et du blâme, et quand votre volonté, la volonté d’un homme qui aime, veut commander à toutes choses : c’est alors l’origine de votre vertu.
    Quand vous méprisez ce qui est agréable, le lit mou, et quand vous ne pouvez pas vous reposer assez loin de la mollesse : c’est alors l’origine de votre vertu.
    Quand vous voulez d’une seule volonté, et quand ce changement de toute peine s’appelle nécessité pour vous : c’est alors l’origine de votre vertu.
    En vérité, c’est là un nouveau bien et mal ! En vérité, c’est un nouveau murmure profond et la voix d’une source nouvelle !


Dans ce murmure nouveau, n’entendez-vous point la voix antique de Zenon, de Cléanthe, d’Épictète ? Eux aussi adoraient la volonté en tension maîtresse de soi et des choses extérieures, identique à la vraie connaissance et à la raison universelle.

Elle est puissance, cette nouvelle vertu ; elle est une pensée régnante et, autour de cette pensée, une âme avisée, uni soleil doré et, autour de lui, le serpent de la connaissance.


Connaissance et science se relèvent ainsi, dans la bouche de Zarathoustra, qui les avait niées ou avilies.

    Le corps se purifie par le savoir, il s’élève en essayant avec science : pour celui qui cherche la connaissance, tous les instincts se sanctifient ; l’âme de celui qui est élevé se réjouit.