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CHAPITRE III


le retour éternel.



Nietzsche avait étudié les « physiologues » de la Grèce antique, qui avaient conçu le retour éternel des choses dans le cercle de la « grande année », la conflagration universelle suivie d’un universel recommencement dans le même ordre, dans le même lieu, dans le même temps, pour aboutir de nouveau à l’universel incendie : le phénix renaît de ses cendres, brûle encore, et renaît à l’infini. Spencer a aussi sa « grande année », puisqu’il suppose une conflagration complète de l’univers, puis une condensation par refroidissement, qui en ferait une seule masse. Lui aussi se demande ce qui adviendra ensuite, et il laisse entrevoir que tout recommencera ; mais il ne nous dit pas que ce soit de la même manière et dans le même ordre. Heine, dans ses additions au Voyage de Munich à Gênes, écrivait ce passage qui ne figure pas dans les anciennes éditions et que Nietzsche n’a pas dû connaître : « En vertu des lois de combinaison éternelles, toutes les formes qui ont déjà été sur cette terre apparaîtront à nouveau. » Blanqui, dans son Éternité par les astres (1871), avait déduit de la théorie des combinaisons qu’il faut des répétitions sans fin pour remplir l’infini, soit du temps, soit de l’espace. « Ce que j’écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau, je l’ai écrit et je l’écrirai pendant l’éternité sur une table, avec une