Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/38

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tort.

Car outre le nouveau renfort, [740]

Les braves gens qui sont dedans,

Le feront mieux grincer les dents

Que jamais il ne fît encor.

Florimond


Pour le moins il ne tient à l'or,

Qui est le nerf de toute guerre, [745]

Qu'il ne prenne toute la terre

Que cette année avons fait nôtre.

Arnault


Il attendra fort bien à l'autre,

Et à l'autre an encor après :

Je pense qu'il vient tout exprès [750]

Pour Thionville envitailler.

Mais vous ne faites que railler,

Vous savez le tout mieux que moi.

Florimond


Je m'enquiers seulement à toi,

Pour voir si ce qu'on dit de lui [755]

Accorde à cela qu'aujourd'hui

On m'a par missives mandé :

Et tu l'as fort bien accordé.

Puis donc que de peu de loisir

Se donne ainsi à mon plaisir, [760]

Je veux récompenser le peu

Par l'accroissement de mon feu,

Qui jà me rend mort en vivant.

Mais Arnault compte moi devant

Que vers ma mignonne je voise, [765]

Qu'elle était cette forte noise

Que tu mouvais tantôt en toi

Je te voyais mouvoir le doigt,

Et marmonner en tes deux lèvres,

Comme un qui frissonne des fièvres. [770]

Songeais-tu ainsi seul à part

À l'outrageuse amour qui m'ard ?

Arnault


Rien moins, Monsieur.

Florimond


Et à quoi donc,

Dis-moi.

Arnault