Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/60

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Vraiment c'est bravement s'offrir.

Arnault


Ainsi l'ire n'assoupirez,

Et de dépit ne crèverez.

Florimond


Baste baste, laissons ceci, [1485]

Le mal toujours croît du souci,

Fasse la justice du pire,

Il me faut dégorger mon ire,

Il faut que ce brave mâtin

J'occie demain au matin, [1490]

Me faisant au mal qui me mine

Par son sang une médecine.



Scène IV



Eugène, Messire Jean.


Eugène


Est-il possible que ma bouche

Pour me complaindre se débouche ?

Est-il possible que ma langue [1495]

Tire du coeur une harangue,

Pour devant le ciel mettre en vue

Le mal de l'âme dépourvue ?

Non non, la douleur qui m'atteint

Toutes mes puissances éteint, [1500]

Et l'air ne veut point s'entonner,

De crainte de s'empoisonner

Du dueil en ma poitrine enclos.

Messire Jean


Ô vrai Dieu quels horribles mots !

Eugène


Pour ce qu'il semble que malheur [1505]

Ait remis toute la douleur

De chacun des autres sur moi :

Je porte de ma soeur l'émoi,

Tant pour sa petite portée,

Que pour ce que déconfortée [1510]

Elle est à tort : car ce monsieur

La nomme cause du malheur.

De Guillaume non seulement