Vraiment c'est bravement s'offrir.
Ainsi l'ire n'assoupirez,
Et de dépit ne crèverez.
Baste baste, laissons ceci, [1485]
Le mal toujours croît du souci,
Fasse la justice du pire,
Il me faut dégorger mon ire,
Il faut que ce brave mâtin
J'occie demain au matin, [1490]
Me faisant au mal qui me mine
Par son sang une médecine.
Scène IV
Est-il possible que ma bouche
Pour me complaindre se débouche ?
Est-il possible que ma langue [1495]
Tire du coeur une harangue,
Pour devant le ciel mettre en vue
Le mal de l'âme dépourvue ?
Non non, la douleur qui m'atteint
Toutes mes puissances éteint, [1500]
Et l'air ne veut point s'entonner,
De crainte de s'empoisonner
Du dueil en ma poitrine enclos.
Ô vrai Dieu quels horribles mots !
Pour ce qu'il semble que malheur [1505]
Ait remis toute la douleur
De chacun des autres sur moi :
Je porte de ma soeur l'émoi,
Tant pour sa petite portée,
Que pour ce que déconfortée [1510]
Elle est à tort : car ce monsieur
La nomme cause du malheur.
De Guillaume non seulement