Il me faut porter le tourment,
Mais à ce que je vois sa dette. [1515]
Et combien qu'Alix soit sujette
À tromper ainsi ses amis,
Mon coeur n'est pas hors d'elle mis ;
Je soutiens encor ces travaux,
Et puis je porte tous mes maux, [1520]
Dont l'un est tel que le guérir
N'en sera que le seul mourir :
Je connais trop bien Florimond.
Premièrement étonné m'ont
Avec leurs mots, comme estocades, [1525]
Caps de dious, ou estafilades,
Ou autres bravades de guerre.
Sont de ceux, dont l'un vend sa terre,
L'autre son moulin à vent chevauche,
Et l'autre tous ses bois ébauche [1530]
Pour faire une lance guerrière :
L'autre porte en sa gibecière
Tous ces prés, de peur qu'au besoin
Son cheval n'ait faute de foin :
L'autre ses blés en vert emporte [1535]
Craignant la faim, ô quelle sorte
Pour braver le reste de l'an !
Vous fâchez-vous des mots de camp :
Il faudra pourtant éprouver
Tous les moyens pour paix trouver. [1540]
Il le faudra, c'est chose sûre,
Ou bien de la mort je m'assure,
Je le sais bien.
Pourvoyez-y.
Mais laisse-moi tout seul ici
Pour quelque peu, j'y rêverai, [1545]
Retourne après.
Je le ferai.
ACTE V
Scène I