Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/389

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LYSANDRE
.


Quelque Amant qui soupire.

ALCIDON
.


Sa prunelle mourante à peine voit le jour.

FILIDAN
.


Est-ce toi, cher ami, père de mon amour ?

ALCIDON
.


Sans doute il est épris de l'une de mes filles.

FILIDAN
.


Merveille de nos jours, Astre luisant qui brilles

Dans le Ciel des beautés, viens te montrer à moi : [315]

Regarde si je manque ou d'ardeur ou de foi :

Fais-toi voir à mes yeux, viens soulager ma peine :

Que te sert d'affecter le titre d'inhumaine ?

Prends pitié de mon mal, tu ne l'ignores pas,

Les Dieux n'ignorent rien du moins vois mon trépas : [320]

Doutes-tu de mes feux ? Apprends-les de ma bouche.

ALCIDON
.


Lysandre, en vérité sa passion me touche.

Son amour m'a rendu tout saisi de pitié.

Aussi n'est-il rien tel qu'une belle amitié.

LYSANDRE
.


Il est déjà vaincu.

ALCIDON
.


J'aimerais mieux un gendre [325]

Qui chérit sa moitié d'une amour aussi tendre,

Qu'un qui posséderait les plus riches trésors,

Et toutes les beautés de l'esprit et du corps.

Le savoir et les biens, sans la flamme amoureuse,

Ne peuvent jamais rendre une alliance heureuse. [330]

FILIDAN
.


Cessez, mes chers amis de flatter mon malheur :

Ou bien de quelque espoir soulagez ma douleur.

ALCIDON
.


Consolez-vous, mon fils, ayez bonne espérance,

Je veux récompenser cette rare constance.

J'entreprends de guérir vos désirs enflammés. [335]

Vous aurez aujourd'hui celle que vous aimez.

FILIDAN
.


Puis-je obtenir de vous le bonheur que j'espère ?

Ah ! Je vous nommerai mon salut et mon père.

ALCIDON
.


Croyez que dans ce soir je vous rendrai content.

LYSANDRE
.


Quand un autre viendra vous en direz autant. [340]

ALCIDON
.