Que vous me suppliez d'avoir pitié de lui,
Et qu'au moins d'un regard j'allège son ennui. [480]
Ce n'est point tout cela.
Quelque chose de même.
Qu'il ne vous aime point, mais que c'est moi qu'il aime.
Ah ! Ma soeur, qu'elle ruse afin de m'attraper ?
Comment par ce discours pourrais-je vous tromper ?
Par cette habileté vous pensez me séduire ; [485]
Et dessous votre nom me conter son martyre.
Scène III
Quels sont vos différents ? Les pourraient-on savoir ?
Vous saurez que Phalante était venu me voir,
Il m'a parlé d'amour, et ma soeur trop crédule
Dit que c'était pour elle, et que je dissimule. [490]
Que vous sert de parler contre la vérité ?
Et de chercher pour lui cette subtilité ?
Vous aimez votre erreur quelque chose qu'on die.
Vraiment c'est un sujet pour une Comédie :
Et si l'on le donnait aux esprits d'à présent, [495]
Je pense que l'intrigue en serait bien plaisant.
Souvent ces beaux esprits ont faute de matière.
Mais pourrait-il fournir pour une pièce entière ?
Il ne faudrait qu'y coudre un morceau de roman,
Ou trouver dans l'histoire un bel événement, [500]
Pour rendre de tout point cette pièce remplie,
Afin qu'elle eût l'honneur de paraître accomplie.