Qui voudrait anoblir le théâtre Français,
Et former une pièce avec toutes ses lois,
Divine, magnifique, il faudrait entreprendre [505]
D'assembler en un jour tous les faits d'Alexandre.
Vous verriez cent combats avec trop peu d'amour.
Je me moque pour moi de la règle d'un jour.
On ferait de ma vie une pièce admirable,
S'il faut beaucoup d'amour pour la rendre agréable. [510]
Car vous autres, jugez, qui savez les Romans,
Si la belle Angélique eut jamais tant d'amants
Voici ce bel esprit dont la veine est hardie.
Nous pourrons avec lui parler de Comédie.
Scène IV
J'ai ce matin appris un nouveau compliment, [515]
Laissez-moi repartir.
Je salue humblement
L'honneur des triples soeurs, les trois belles Charites.
Nous mettons nos beautés aux pieds de vos mérites.
De quoi s'entretenait votre esprit aime-Vers ?
Nous discutions ici sur des sujets divers. [520]
Nous parlions des exploits du vaillant Alexandre.
Ce grand Roi qui cent Rois enfanta de sa cendre ?
Cet enfant putatif du grand Dieu foudroyant ?
Ce torrent de la guerre, orgueilleux, ondoyant ?
Ce Mars plus redouté que cent mille tempêtes ? [525]
Ce bras qui fracassa cent millions de têtes ?
Je vous aime, Amidor, de le louer ainsi.