Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/401

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Dieux ! Quelle liberté ? Retirez-vous d'ici.

Ce n'est pas votre fait de parler à des hommes. [665]

SESTIANE
.


Au moins regardez bien l'endroit où nous en sommes.

ALCIDON
.


C'est à moi de les voir, et d'en faire le choix,

Allez, je veux bientôt vous pourvoir toutes trois.



Scène VI



 
Amidor, Alcidon


AMIDOR
.


Il faut faire l'amant de l'une de ces belles.

ALCIDON
.


Est-ce que vous ayez quelque dessein pour elles ? [670]

AMIDOR
.


Ce mont si merveilleux en Sicile placé,

Sous qui gémit le corps d'Encelade oppressé,

Vomissant des brasiers de sa brûlante gorge,

Ce tombeau d'Empédocle, où Vulcain fait sa forge,

Où Bronte le nerveux, cet enfumé démon, [675]

Travaille avec Stérope, et le nud Pyracmon,

Dans son ventre ensouffré n'eût jamais tant de flamme,

Qu'une de ces beautés en versa dans son âme.

ALCIDON
.


Que cet homme est savant dedans l'antiquité !

Il sait mêler la fable avec la vérité : [680]

Il connaît les secrets de la Philosophie ;

Et même est entendu dans la Cosmographie.

Vous êtes amoureux ? Et qu'est-ce que l'amour ?

AMIDOR
.


C'est ce Dieu génitif, par qui l'on voit le jour,

Qui perça l'embarras de la masse première, [685]

Débrouilla le Chaos, fit sortir la lumière,

Ordonna le manoir à chacun élément,

Aux globes azurins donna le mouvement,