Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/403

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Ce n'est point ma douleur.

ARTABAZE
.


Quelque accident fatal

T'a-t-il fait exiler de ton pays natal ?

Je veux te redonner la grâce de ton Prince.

Ou mon juste courroux détruira sa province. [720]

FILIDAN
.


Ce n'est point là mon mal, mes ennuis sont plus grands.

ARTABAZE
.


Regrettes-tu quelqu'un de tes plus chers parents ?

Si c'est qu'après sa mort il te fâche de vivre.

Je vais jusqu'aux enfers et je te le délivre.

FILIDAN
.


Ma douleur est bien autre, ô merveilleux vainqueur. [725]

ARTABAZE
.


Est-ce une maladie ?

FILIDAN
.


Oui qui me tient au coeur.

ARTABAZE
.


Cest une maladie ? Ah ! Qu'elle est attrapée.

J'extermine les maux du vent de mon épée.

Mais il faut en user en diverses façons,

Ou feindre une estocade, ou des estramaçons, [730]

Selon les maux divers.

FILIDAN
.


Ce pouvoir est étrange.

ARTABAZE
.


Quel est donc votre mal ?

FILIDAN
.


Mon mal vient d'un mélange

D'ébène, d'or, d'argent, d'azur et de coral.

ARTABAZE
.


Tout cela pris en poudre a causé votre mal.

N'avait-on point mêlé quelque jus de racine [735]

Pour donner le passage à cette médecine ?

FILIDAN
.


Hélas ! Roi des vaillants, vous ne m'entendez pas.

ARTABAZE
.


Ce titre me plaît fort.

FILIDAN
.