Scène II
Cet homme est furieux, retirons-nous d'ici. [765]
Pour quelle occasion le craignez-vous ainsi ?
Quand je l'ai vu tantôt il s'est mis en furie.
Il n'est rien de plus doux, c'est une rêverie.
Toutefois il crachait du creux de ses poumons,
L'Épode, l'Antistrophe, et cent autres démons. [770]
Bannissez cette peur de votre fantaisie.
Cela doit s'appeler fureur de Poésie.
C'est là mon seul défaut, je crains les furieux.
Quoi ? Craindre ayant ce bras toujours victorieux ?
Je m'enfuis.
Demeurez. [775]
Voyez comme il médite. [775]
Que craignez-vous ?
Je crains que sa rage s'irrite.
Rassurez votre esprit, il médite des vers
Pour semer votre nom par tout cet univers,
Quittez, cher Amidor, vos muses bien aimées ;
Et venez rendre hommage à ce dompteur d'armées. [780]
M'assurez-vous de lui ?
C'est le héros du temps.