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Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/405

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Scène II



Artabaze, Filidan, Amidor


ARTABAZE
.


Cet homme est furieux, retirons-nous d'ici. [765]

FILIDAN
.


Pour quelle occasion le craignez-vous ainsi ?

ARTABAZE
.


Quand je l'ai vu tantôt il s'est mis en furie.

FILIDAN
.


Il n'est rien de plus doux, c'est une rêverie.

ARTABAZE
.


Toutefois il crachait du creux de ses poumons,

L'Épode, l'Antistrophe, et cent autres démons. [770]

FILIDAN
.


Bannissez cette peur de votre fantaisie.

Cela doit s'appeler fureur de Poésie.

ARTABAZE
.


C'est là mon seul défaut, je crains les furieux.

FILIDAN
.


Quoi ? Craindre ayant ce bras toujours victorieux ?

ARTABAZE
.


Je m'enfuis.

FILIDAN
.


Demeurez. [775]

ARTABAZE
.


Voyez comme il médite. [775]

FILIDAN
.


Que craignez-vous ?

ARTABAZE
.


Je crains que sa rage s'irrite.

FILIDAN
.


Rassurez votre esprit, il médite des vers

Pour semer votre nom par tout cet univers,

Quittez, cher Amidor, vos muses bien aimées ;

Et venez rendre hommage à ce dompteur d'armées. [780]

ARTABAZE
.


M'assurez-vous de lui ?

FILIDAN
.


C'est le héros du temps.

AMIDOR
.