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Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/406

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Je vous salue, effroi de tous les combattants,

Qui donnez jalousie à cent têtes royales.

ARTABAZE
.


Il a, comme je vois, quelques bons intervalles.

Dites, votre fureur vous prend-elle souvent ? [785]

Faites-nous quelque signe au moins auparavant.

AMIDOR
.


Ma phébique fureur sert aux héros illustres

Pour prolonger leurs jours d'un million de lustres.

Elle donne aux vaillants les plus beaux de ses traits.

Par exemple, alléguez quelques-uns de vos faits : [790]

Vous verrez ma fureur qui vous les va décrire.

ARTABAZE
.


Pour mes faits valeureux je veux bien vous en dire.

Mais trêve de fureur.

FILIDAN
.


Ah ! Ne le craignez pas.

AMIDOR
.


Jamais cette fureur ne causa de trépas.

ARTABAZE
.


Sachez que j'ai pour nom l'effroyable Artabaze, [795]

Qui monté quelquefois sur le cheval Pégase,

Vais jusques sur la rue oeillader l'univers.

Pour chercher de l'emploi dans les climats divers.

Puis pour me divertir je vole et je revole

En deux heures ou trois de l'un à l'autre pôle. [800]

AMIDOR
.


Son discours trasonic me plaît extrêmement.

Il aime l'Hyperbole, et parle gravement.

ARTABAZE
.


Un jour du haut de l'air j'aperçus deux armées,

D'une chaleur pareille au combat animées,

Quand assez à les voir je me fus diverti, [805]

Attendant de me joindre au plus faible parti ;

Toujours volait entre eux la victoire douteuse :

Enfin de cet ébat ma valeur fut honteuse ;

L'impatiente ardeur me fait fondre sur eux,

Comme un Aigle vaillant sur des Cygnes peureux : [810]