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Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/407

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Je fends de tous côtés, bras, jambes, cuisses, têtes :

Mes grands coups se font craindre ainsi que des tempêtes :

J'attire sur moi seul mille traits opposés :

Mais d'un de mes regards j'abas les plus osés :

Enfin je fis alors, ce qu'à peine on peut croire, [815]

De deux camps ennemis une seule victoire.

AMIDOR
.


Cet exploit gigantesque est certes merveilleux.

ARTABAZE
.


Comment décririez-vous ce combat périlleux ?

AMIDOR
.


Au secours Polymnie, Érato, Terpsichore.

ARTABAZE
.


Fuyons, cette fureur le va reprendre encore. [820]

FILIDAN
.


Demeurez, grand guerrier, ignorez-vous les noms

Des Muses qu'il invoque ?

ARTABAZE
.


Il parle à ses démons,

Son œil n'est plus si doux, il fait mille grimaces,

Et mâche entre ses dents de certaines menaces,

Voyez comme il nous lance un regard de travers ? [825]

FILIDAN
.


C'est de cette façon que l'on fait de bons vers.

ARTABAZE
.


Faut-il être en fureur ? Ce métier est étrange.

J'aime mieux pour ce coup me passer de louange,

Pour voir faire des vers je n'y prends pas plaisir.

AMIDOR
.


J'en ferai donc pour vous avec plus de loisir. [830]

Je vous veux présenter des enfants de ma Muse.

ARTABAZE
.


Je vous ferai faveur.

FILIDAN
.


Mais à quoi le m'amuse.

Cherchons, mes yeux, cherchons ces aimables appas.

ARTABAZE
.


Où courez-vous, ami, ne m'abandonnez pas.

FILIDAN
.


Ne craignez rien de lui, croyez en ma parole. [835]

ARTABAZE
.


Adieu donc, pauvre amant, que le ciel vous console.