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Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/408

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Scène III



 
Amidor, Artabaze


AMIDOR
.


Guerrier, ne craignez rien parmi les vertueux.

Je vois que vous marchez d'un pas majestueux.

Vous avez le regard d'un grand homme de guerre.

Et tel que Mars l'aurait s'il était sur la terre. [840]

Vous avez le parler grave, sec, résonnant,

Digne de la grandeur d'un Jupiter tonnant.

ARTABAZE
.


Il est vrai.

AMIDOR
.


J'ai produit une pièce hardie,

Un grand effort d'esprit, c'est une tragédie,

Dont on verra bientôt cent Poètes jaloux. [845]

Mais j'aurais grand besoin qu'un homme tel que vous,

Pour faire bien valoir cet excellent ouvrage,

Voulût représenter le premier personnage.

ARTABAZE
.


Oui, je l'entreprendrai, s'il est digne de moi.

AMIDOR
.


C'est le grand Alexandre.

ARTABAZE
.


Oui, puisque ce grand Roi, [850]

Par qui se vit l'Asie autrefois possédée,

Avait de ma valeur quelque légère idée.

AMIDOR
.


J'ai le rôle en ma poche, il est fort furieux,

Car je lui fais tuer ceux qu'il aime le mieux.

ARTABAZE
.


C'est donc quelque démon, quelque bête effroyable, [855]

Ah ! Ne le tirez point.

AMIDOR
.


Ce n'est rien de semblable.

Cela n'est qu'un écrit.

ARTABAZE
.


Quoi, qui donne la mort ?

Vous êtes donc Sorcier ?

AMIDOR
.


Ne craignez point si fort.

ARTABAZE
.