Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/423

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Il me semble déjà que mon amour m'ordonne

Que je t'aille trouver en habit d'Amazone.

Ô mon cher Alexandre, espoir de mes amours,

Voudrais-tu bien pour moi t'arrêter quelques jours, [1250]

Pour produire un enfant de race valeureuse ?

Car je sens en t'aimant que je suis généreuse.



Scène II



 
Mélisse, Artabaze


MÉLISSE
.


Quand pourrai-je goûter tant de félicité,

Alexandre, mon coeur ?

ARTABAZE
.


Quelle est cette beauté,

Qui parle d'Alexandre ? Elle paraît hardie. [1255]

Ma foi vous le verrez, c'est cette Tragédie

Dont parlait ce fantasque, elle en dit quelques vers.

MÉLISSE
.


Oui, je le veux chercher par tout cet Univers.

Mais quel brave guerrier me vient ici surprendre ?

ARTABAZE
.


Il faut lui répartir : Je suis cet Alexandre. [1260]

MÉLISSE
.


Vous êtes Alexandre ? Ô mes yeux bienheureux,

Vous voyez donc l'objet de mes voeux amoureux ;

Que j'embrasse vos pieds, grand Prince que j'adore.

Quitte, quitte, mon coeur, l'ennui qui te dévore.

Je le vois, ce grand Roi, ce Héros nonpareil, [1265]

Le plus grand que jamais éclaira le Soleil,

Ce fils de Jupiter, ce prodige en courage.

ARTABAZE
.


Cette fille à mon gré fait bien son personnage.

MÉLISSE
.


Vous êtes Alexandre ? Au moins encore un mot :

Poursuivez de parler.

ARTABAZE
.


Je ne suis pas si sot. [1270]

MÉLISSE
.


Parlez donc cher objet, dont mon âme est éprise.

ARTABAZE
.


Je suis cet Alexandre, et cela vous suffise.

MÉLISSE
.