Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/425

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Ce fut donc un Sorcier qui fit la Tragédie ? [1300]

ARTABAZE
.


Il est vrai que de peur j'en ai pensé mourir.

Vous a-t-on dit l'effroi qui m'a tant fait courir.

MÉLISSE
.


Quoi donc ? Il vous fit si peur, ô Valeur sans seconde.

ARTABAZE
.


Il m'a fait disparaître aux yeux de tout le monde.

MÉLISSE
.


Vous disparûtes donc par un charme puissant ? [1305]

ARTABAZE
.


Par des mots qui pouvaient en effrayer un cent.

Par un certain Démon qu'il portait dans sa poche.

MÉLISSE
.


Ô Dieux !

ARTABAZE
.


Nul de sa mort ne fut jamais si proche.

MÉLISSE
.


Depuis cet accident qu'il s'est fait de combats !

ARTABAZE
.


Quels combats se sont faits ?

MÉLISSE
.


Ne les savez-vous pas ? [1310]

ARTABAZE
.


On s'est battu sans moi ? Je déteste, j'enrage.

MÉLISSE
.


Ce fut lors que vos chefs eurent fait le partage

De tous ces grands pays conquis par vos travaux.

ARTABAZE
.


Je les ferai tous pendre : Où sont-ils ces marauds ?

Ils partagent mon bien ?

MÉLISSE
.


Depuis leurs destinées [1315]

On pourrait bien compter près de deux mille années.

ARTABAZE
.


Les Dieux pour les sauver de mon juste courroux

Ont mis assurément cet espace entre nous.

MÉLISSE
.


Hélas ! Où courez-vous ?

ARTABAZE
.


Ce Sorcier me veut prendre.

MÉLISSE
.


Je vous suivrai partout, ô mon cher Alexandre. [1320]