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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

frent pas moins de cent exemples divers. Essayons, pour voir, d’en repasser ensemble une demi-douzaine pris au hasard. Nous commencerons, si vous voulez bien, par le premier en date — premier mois, première année de l’hégire du Devoir.

Ce fut le 10 janvier 1910 que M. Bourassa, dans les circonstances que l’on se rappelle, lança le Devoir. Deux jours après, soit le 12 janvier, M. Laurier déposait devant les Chambres son malheureux projet de loi sur la défense navale, véritable défi aux principes nationalistes. La réponse de M. Bourassa ne devait point se faire attendre. Dès le 13, dans son journal, il déclare nettement la guerre au premier-ministre ; le 17, il commence de la lui faire et lui reproche avec énergie ce qu’il appelle « la plus complète reculade que le Canada ait faite depuis un demi-siècle » ; le 20, il prononce au Monument-National de Montréal, contre le projet ministériel, un écrasant réquisitoire dont le texte, — publié du 22 au 27, — ne couvrira pas moins de vingt colonnes du Devoir.

Arrêtons-nous ici un instant. J’ai dit que ce n’est point faute d’apercevoir les raisons solides de sa doctrine que M. Bourassa, trop souvent, en avance de hasardeuses ; nulle part, je crois, cela n’apparaît plus manifestement que dans ce discours à juste titre fameux, où rien ne se trouve qui ne soit intelligible à tous et proprement inat-