Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/163

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
MON ENCRIER

taquable, modèle même de logique ferme, rigoureuse et claire. Arrêtons-nous un instant ici, et, avant d’avoir à considérer M. Bourassa dans son autre manière, tâchons de le voir tout d’abord dans sa meilleure. Nous n’en mesurerons ensuite que mieux la différence de l’une à l’autre, et le tort qu’il se fait chaque fois qu’il lui arrive d’abandonner celle-ci pour celle-là.

Sur quels arguments donc, le 20 janvier 1910 (je précise la date parce que, moins d’un mois plus tard, il devait en présenter, malheureusement, d’une bien moindre qualité), sur quels arguments (de quelle force ? de quelle plausibilité ?) le chef nationaliste fondait-il, à ce moment-là, son opposition à l’entreprise prônée par M. Laurier ? Il suffira pour le montrer d’en rappeler brièvement quelques-uns, — les principaux.

Premier point, ce projet d’une marine de guerre, s’il se réalise, nous chargera, au point de vue financier, d’un fardeau écrasant. — Il est bien vrai que le premier-ministre ne prévoit encore, pour les premiers vaisseaux, qu’une dépense de 11 ou 15 millions (selon qu’ils seront construits en Angleterre ou au Canada) ; mais il ne faut point perdre de vue que ce n’est là qu’un commencement…

Et rappelez-vous que sir Wilfrid Laurier, grand homme d’État, en prend volontiers à son aise avec les chiffres. En 1903, je l’ai entendu de mes oreilles — et je l’ai cru — dire que le chemin de fer transcontinental ne coûterait au pays