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MON ENCRIER

à Mercier. Nous sera-t-il seulement permis de regretter que l’on nous ait, d’avance, gâté notre joie, par le scandale auquel a donné lieu l’attribution de cette entreprise nationale ?…

Car, c’est un scandale à n’en pas douter, que d’avoir confié à M. Chevré, dans les circonstances que nous allons rappeler, le soin de faire revivre sur un piédestal la figure du grand patriote.

Il y a à cela plus d’une raison.

Rappelons d’abord, pour les ministres qui nous liront, qu’une œuvre d’art n’est pas une œuvre mécanique, comme la photographie, par exemple ; qu’il faut s’y donner tout entier, avec amour, avec passion même, et qu’elle demande, non-seulement de la science et du métier, mais, avant tout et surtout, de l’émotion.

Or, dites-moi, je vous prie, comment, et dans quelle mesure, la vie et la destinée de Mercier pourraient jamais émouvoir un étranger comme M. Chevré.

Qu’est-ce que M. Paul Chevré, de Paris, connaît de Mercier ? Qu’est-ce que ce nom peut bien lui dire ? En quoi peut-il affecter chez lui les cordes intimes, éveiller la sensibilité ?

Mercier, pour un Français, cela ne signifie pas plus que Larue, Dubois ou Durand. Ce que Mercier a été, et ce qu’il continue d’être, dans l’esprit et le cœur du peuple de chez nous,