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MON ENCRIER

ter. Une bouteille, une pleine bouteille. De quoi barbouiller tout un ministère. Attendez un peu, Monsieur Gouin, nous vous en ferons boire !

Cependant que je m’absorbe en ces douces pensées, M. l’Administrateur est arrivé à moi :

— Monsieur, m’a-t-il dit, faites de ceci l’emploi qu’il vous plaira ; je n’ai rien à y voir. Je vous aurais toutefois beaucoup de gratitude si vous vouliez désormais éviter les libelles.

— Monsieur, ai-je répondu, allez plutôt prêcher la pudeur aux Langelier[1], la résignation aux échevins et la douceur aux panthères ! Libelliste je suis, libelliste je resterai. Je n’y puis rien, et vous pouvez d’avance en prendre votre parti. Une ère nouvelle va s’ouvrir pour les huissiers et les avocats, et vous seriez vous-même épouvanté si vous pouviez prévoir le nombre de procès qui vont sortir de cet encrier.

— Oui ?… Eh bien ! tant pis pour vous : vous irez encore en prison.

— Cette fois, j’y apporterai mon encrier.

  1. Je parle naturellement de Chrysostome et de Charles.