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MON ENCRIER

buait pas peu à relever le niveau moral du groupe canadien-français.

Ils n’étaient pas tous doués à un degré égal. Ils avaient leurs faiblesses, dont ils donnèrent la preuve. En 1899, la plupart d’entre eux votaient, quoique en rechignant, notre participation à la guerre inique du Transvaal, et, dans quelques autres circonstances, ils n’eurent pas une meilleure attitude, peut-être, que leurs congénères d’aujourd’hui.

Mais du moins, jusque en leurs pires égarements, n’aliénaient-ils point leur cerveau. Ils avaient gardé, des jours généreux de l’opposition, la faculté de s’intéresser à une question publique, de se passionner même pour une idée. En un mot ce n’étaient pas des végétaux.

En très peu d’années, ces hommes ont disparu de l’arène. Ils ont accepté une place quelque part loin de la politique, les uns par dégoût, tous traînant avec eux de la lassitude et des désillusions.

Et nous voici, dix ans plus tard, en présence d’une députation de Gauvreaux, de Boyers, de Gladus, — députation la plus veule, la plus nulle, la plus totalement et la plus absolument abrutie, dont on ait encore entendu parler dans aucun pays démocratique.

Au lecteur ordinaire, qui n’a jamais vu que de loin nos représentants, ces mots pourront pa-