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MON ENCRIER

quelle comédie, un Georges Dandin quelconque, monsieur, pardon : un renseignement !… Il est bruit, chez le concierge, que vous épousez ma fille ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Voilà ce qu’est devenue, ô monsieur Laurier, votre vieille garde !

Hier la grande armée, et maintenant troupeau…

À qui la faute ?

Surtout à M. Laurier lui-même.

Sans doute les circonstances ont contribué dans une large mesure à cette transformation. Il est normal qu’un parti politique ne dispose pas, après quinze ans de pouvoir, d’hommes aussi bien trempés qu’il pouvait en avoir après vingt ans d’opposition ardente. C’est une vérité de La Palisse que le succès attire les faiseurs. Après 96, on vit se rallier au parti libéral, en même temps que la plupart des boodlers de l’ancien régime, les arrivistes de toute nuance politique et de toute catégorie morale. C’est alors que se rua contre les meilleurs partisans de M. Laurier, au sein même de leur parti, la tourbe des médiocrités ambitieuses. Les hommes de mérite ne tardèrent pas à se décourager, et cela finit par le triomphe complet des incapables.

Il est bien certain qu’il n’était pas au pouvoir de M. Laurier, malgré toute son autorité, d’empêcher complètement ce résultat. Il l’aurait pu,