Je pense à vous, à ma fenêtre, en écoutant
Votre lointaine voix qui chante dans mon âme,
Et la voix, tour à tour, me caresse et me blâme.
Pourquoi suis-je parti, moi qui vous aimais tant ?
Le souffle sourd et lourd de la ville endormie,
Passant par le jardin, monte vers moi, plus doux.
Serai-je indifférent, serez-vous ennemie ?
Vous êtes si frivole et je suis si jaloux !
Comme vous êtes loin, ce soir, petite amie…
Hélas ! pourquoi toujours mon cœur trop inconstant,
Dédaignant cette main que le bonheur lui tend,
Préfère-t-il l’angoisse à la bonne accalmie ?
Vous vouliez que je reste en mon pays, pourtant !
(Page 138.)
Ailleurs ;
Je reverrai souvent ton jeune et cher visage,
Petite fille que j’aimai.
Ton regard confiant, ta voix si fraîche et sage,
Sont mon désir jamais calmé.
Souviens-toi. Je ne veux pas que tu te dérobes
À des regrets inapaisés,
Quand, moi, je sais encor la couleur de tes robes
Et le nombre de tes baisers.
(Page 133.)
Enfin, ce Conseil, digne en tous points de Sully-Prudhomme, avec quelque chose, en plus, sur la fin, d’infiniment plus pessimiste encore et plus poignant :
N’analyse jamais ce cœur triste et subtil
Qui t’angoisse et te lie,
Tu n’y rencontreras, si généreux soit-il,
Que la mélancolie.
Dissèque froidement cette sincérité
Où ton âme se livre…
Le plus fol amoureux a toujours imité
Les mots de quelque livre.