Mais il en va autrement pour la littérature, qui est un art bien plus qu’une science, et dont l’enseignement ne saurait ignorer, sans d’énormes inconvénients, le pays où il se pratique.
On peut fort bien enseigner l’algèbre ou la trigonométrie sans autre appoint que des notions de science pure ; on ne saurait professer convenablement la littérature à moins de connaître — outre les conditions générales du pays — le développement intellectuel et, surtout, le tempérament, la mentalité et ce que nous oserions appeler la « psychologie » du public auquel on s’adresse.
Il y a là, dans ce dernier point seulement, pour le Français qui pour la première fois met les pieds sur nos rives, un problème effroyablement complexe, et qu’en dépit de tous ses efforts il ne pourra peut-être jamais débrouiller tout-à-fait. Ayant vécu jusque-là dans une société différente, fait à des manières différentes de voir et de sentir, il est, par certains côtés de son organisation cérébrale et nerveuse, infiniment éloigné de nous. Il l’est tellement que, malgré toute son intelligence et toute sa pénétration psychologique, il ne parviendra jamais à nous comprendre. Jamais un homme, quoi qu’il fasse, ne pourra « s’extérioriser » au point d’imaginer avec exactitude des sentiments ou