⁂ Et — troisièmement et enfin — c’est surtout dans les cours que cette faiblesse s’accusera.
M. du Roure donnait l’autre jour à ses élèves le sujet de devoir que voici : — Un correspondant vous écrit que d’après lui la langue française perd du terrain tous les jours et qu’elle est sûrement à la veille de disparaître tout à fait dans le monde. Réfuter cette opinion.
Vous imaginez d’avance les travaux que les élèves pourront bien remettre là-dessus. Généralités, lieux communs archifanés, développement pompeux, voilà tout ce qu’ils vont accumuler dans leur devoir de la semaine prochaine. On aurait mauvaise grâce à le leur reprocher. Les sujets comme ceux-là sont un encouragement à l’écriture banale et prud’hommesque, une prime à la nullité solennelle et redondante. Il n’y a pas de plus sûrs poisons pour tuer dans un esprit toute idée personnelle et toute originalité.
Supposez au contraire un professeur au fait des choses du pays et qui aurait dicté le canevas suivant :
Un Français de France, après avoir séjourné quelques semaines à Montréal, vous écrit que d’après lui la langue française au Canada est complètement corrompue, et qu’elle est même à la veille de disparaître tout à fait. Réfuter cette opinion.
On admettra qu’un canevas comme celui-ci serait bien plus que le premier de nature à pro-