⁂ M. Rochefort nous parle ensuite de ses contemporains : Drumont, Cassagnac, Henry Maret, dans le journalisme ; Edmond Rostand, Jules Lemaître, Maurice Barrès, dans les lettres ; Clemenceau, Briand, dans la politique.
De ces deux derniers, il préfère M. Briand. « Clemenceau, dit-il, est un de ces ambitieux comme je ne les aime pas. Moi, il trouve que je suis un imbécile, parce que je ne me suis jamais enrichi… Je lui préfère de beaucoup M. Briand : il est très « orateur », et je le crois aussi plus honnête. »
Il se souvient très bien de Louis Veuillot, qui voulait à toute force le faire fusiller, mais en qui il se plaît à reconnaître un journaliste que nul encore n’a remplacé.
Sur Victor Hugo, dont il fut l’ « enfant gâté », et qui l’hébergea pendant quinze mois dans son exil, M. Rochefort est intarissable. 11 s’indigne à la pensée qu’on ait pu accuser d’avarice le grand poète. « Tout le temps que je l’ai connu, dit-il, il n’a jamais dîné sans qu’il n’eût vingt ou trente convives à sa table. »
C’est avec des éclairs dans les yeux qu’il raconte ses luttes contre l’Empire aux côtés du « père » Raspail :
— Alors, je leur dis : « il se peut que le spectacle que j’offre soit bien comique. Mais, quoi que je fasse, je ne pourrai jamais