Aller au contenu

Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


III

On apporte la livrée.

Je passe par une deuxième porte, distante de la première de cinq ou six pieds, j’enfile un couloir, et me voici dans un grand vestibule sombre et humide, rappelant vaguement un hangar abandonné. Une demi-douzaine de gardes s’y promènent à pas cadencés.

Dans un coin, une espèce de vieux pupitre sordide, plus deux ou trois chaises suspectes. C’est là qu’on m’amène tout d’abord.

— Asseyez-vous… me dit d’une voix de taureau l’un des collaborateurs de M. Morin.

Très bien, je m’assieds.

Rien à lire, personne à qui je puisse parler… Ce n’est pas réjouissant, et je me demande pourquoi l’on ne m’a pas conduit tout de suite à ma geôle, au lieu de me laisser suspendu de la sorte entre l’air libre et la captivité.

En attendant que l’on me tire de cette situation fausse, je m’amuse à considérer, pour me distraire, la pièce où l’on me fait faire antichambre.