Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/38

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— J’ai bien le droit d’espérer, pensais-je. Car enfin, s’il me tutoie, c’est qu’il ne me veut pas de mal.

Et cette douce pensée me faisait sourire.

— Cependant, me disais-je l’instant d’après, il a dit : « un beau livre ». Or, qu’est-ce que cela peut bien être, pour un homme ordinaire, un livre auquel M. Morin trouve des beautés ?

Et là-dessus je me sentais passer dans la nuque un petit frisson de terreur.

Enfin le gouverneur revint.

— Tiens, dit-il en me posant dans les mains un gros volume à couverture sale… Tiens, qu’est-ce que je te disais ?

Non sans trembler, je jetai les yeux sur le titre.

C’était « le Centurion, roman des temps messianiques, par M. A.-B. Routhier ».