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Page:Frère Gilles - L'héritage maudit, 1919.djvu/39

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Après un moment de silencieuse hésitation, Cyprien essaya de bredouiller quelques paroles d’excuse.

Mérance se leva en se reculant de deux pas : puis le regardant comme un coq de clocher peut regarder le chemin du roi, elle ajouta avec une intraduisible expression de mépris : Sans cœur ! et du pas d’une reine offensée, elle alla trouver Céline.

Content, au fond, de ce bel exploit, Cyprien prit son chapeau et se rendit chez Jean Bois. Celui-ci dût le mettre à la porte vers minuit pour fermer son établissement. Cyprien n’arriva toutefois chez lui qu’à trois heures du matin. Et pourtant sa maison était à peine à vingt minutes de la buvette.


VII


Cyprien cuvait encore son alcool, que déjà Céline était partie pour l’église. Elle avait toujours gardé cette faim de la Manne céleste qui se fait sentir davantage lorsqu’on est épuisé sur la route douloureuse. « Prends et manges », lui avait-il semblé entendre, « et dans la douceur de ce pain tu trouveras la force. »

L’église lui apparut, ce matin-là, toute accueillante et maternelle. Elle entendit la messe à laquelle elle communia. Puis après avoir longuement raconté ses peines au Bon Maître, elle pensa les dire encore à sa seconde mère, et pour cela, elle se dirigea vers le couvent. Elle entra par la porte des externes, et rencontra Mère Sainte-Émélie dans le cloître, près de la chapelle.