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Toutes deux pénétrèrent dans la petite sacristie blanche où, sur un pan de mur tout enguirlandé d’un lierre en papier doré, on voyait une statue de la Vierge de Lourdes, au pied de laquelle brûlait un lampion rose.

À peine assise, Céline éclata en sanglots, la figure cachée derrière la grille de ses doigts, comme dans une prison de douleurs. La peine l’étouffait, et aussi le besoin de la dire. Et c’est en serrant les lèvres pour empêcher les sanglots de lui monter à la gorge, qu’elle raconta tout.

Les mains enfouies dans ses larges manches, Mère Sainte-Émélie tendait vers son ancienne élève son visage diaphane, de cette pâleur des hosties (sans doute pour avoir tant cousu dans le blanc) tandis que ses yeux bruns l’entouraient d’une douceur pénétrante et chaude.

Lorsque Céline eut terminé son récit douloureux, la religieuse parla à son tour, de cette voix caressante comme la mélodie des vieilles berceuses créées par les soupirs maternels. Elle dit qu’elle avait le droit de pleurer pour son mari, pour ses enfants… Mais dès lors qu’il s’agit des autres, c’est debout qu’il faut souffrir… Le sacrifice est une fête entre l’âme et Dieu… elle goûterait comme Il est doux, car Il a tant souffert !… Il est aussi la force qui enveloppe et protège… Il ne l’abandonnerait pas… Il la suivrait partout et lorsqu’elle se sentirait trop lasse, Il ôterait de ses épaules le lourd fardeau… et elle pourrait pleurer doucement sur son cœur… nul mieux que Lui ne sait essuyer les larmes…

— Sois bonne ma fille, dit-elle en terminant, sois bonne pour ton mari… pour tes