Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LES CHOSES QUI S’EN VONT

souches et les chicots des premières terres neuves, depuis le jour où, grâce à un homme de génie, elle fut inventée ! Mais toujours comme les vieux, elle courbe l’échine et ne dit motte. Évoquons ce « temps » dont elle vit et dont elle meurt. C’est un moyen infaillible d’ouvrir son âme d’acier, insensible et froide en apparence, mais qu’un seul rayon de joie peut réchauffer.

Pauvre petite vieille ! de quel éclat ne brillais-tu pas jadis, lorsque dans le vitrau du marchand général — où il n’y avait généralement pas grand’chose — tu attendais, au milieu des pièges-à-rats, des romaines et des sucriers de cristal, ton nouveau maître !

Hélas ! tu m’attendis toujours en vain. Doué par le ciel, dès l’âge le plus tendre — pour dire comme la maîtresse d’école — d’une aptitude peu commune pour faucher les roches et les fourmillières, le père chez nous, me dotait tou-