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MONTFERRAND
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l’état de charretier de grosses voitures ; on l’employait surtout à la manœuvre des articles lourds et difficiles à remuer. Il expédiait avec prestesse la besogne d’un déménagement, on peut le croire !

Son père et sa mère décédèrent de 1820 à 1822. L’année suivante, il entra au service de la compagnie du Nord-Ouest devenue compagnie de la Baie d’Hudson sous les ordres de M. Fisher. Dès les premiers jours, un métis du nom d’Armstrong le provoqua en duel au pistolet, à vingt pas. Montferrand voulut abréger la distance, mais son adversaire s’y refusa.

— Eh bien ! puisque tu ne veux pas te battre, tu n’en sentiras pas moins la poudre !

Ce disant, il lui mit le pistolet sous le nez et tira en l’air. Puis appliquant sa large main sur l’épaule du
À présent, tu vas la danser !
pauvre diable, il ajouta :

— À présent, tu vas la danser !

Armstrong s’excusa, à genoux, dit-on. Ce métis était contremaître d’un chantier, ou servait dans l’ancienne compagnie de la baie d’Hudson. Son amusement consistait à aller d’un campement à un autre, insulter les hommes et les appeler en combat singulier. À cause de sa force et de sa méchanceté on le craignait beaucoup. Montferrand le guérit de ses habitudes.