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MONTFERRAND
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On raconte qu’un jour, en 1829, plus de cent cinquante shiners s’étaient mis en embuscade, du côté de Hull,[1] à l’extrémité du pont, qui est suspendu sur
Abaissant son poing sur la figure
du téméraire il l’écrasa comme
une pomme cuite.
la décharge de la cataracte. Montferrand, qui avait conçu des soupçons, demanda à une femme dont l’échoppe se trouvait, comme à présent à la tête du pont, côté de Bytown, s’il y avait du monde dans le voisinage, et sur sa réponse négative, il partit seul pour traverser.[2] À peine rendu au milieu du trajet, l’ennemi se précipita au devant de lui. Il voulut fuir, mais la femme avait refermé la porte du pont. Les shiners brandissaient des gourdins et proféraient des menaces en s’excitant les uns les autres, Montferrand fit quelques enjambées rapides pour se rapprocher des agresseurs ; ceux-ci s’arrêtèrent un instant, mais l’un d’eux plus exposé, tomba aux mains du Canadien, qui le saisit par les pieds et s’en fit une massue avec laquelle il coucha par terre le premier rang ; puis ramassant ces malheureux comme des poupées, il les

  1. Hull, établi en 1800, était un fort village.
  2. Je dois presque tout ce récit à M. Bastien, sergent de ville à Montréal, l’un des témoins de la scène.