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Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/146

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Auprès d’un feu pareil, ils apaisaient leur faim
D’un rustique souper qui tirait à sa fin,
Et chacun s’apprêtait, pour réparer ses forces,
À s’en aller dormir sous les huttes d’écorces,
Lorsqu’un jeune sauvage, au parti dévoué,
Arriva tout à coup, criant : ― Nattaoué !

En rôdant sous les bois à la faveur des ombres,
Il avait entrevu les silhouettes sombres
De nombreux guerriers roux rampant dans les fourrés ;
C’étaient des Iroquois, par la proie attirés,
Qui venaient pour cerner les trappeurs.

                                          Chose grave,
― Chacun de ces coureurs de bois était un brave,
Un vaillant toujours prêt, dans un danger pressant,
A vendre au plus haut prix sa vie avec son sang, ―
Mais ils avaient près d’eux des enfants et des femmes
Qui ne pouvaient tomber aux mains de ces infâmes :
Il fallait les sauver.

                            Le parti découvert,
Il ne leur restait plus qu’un seul chemin ouvert :
Le rapide ― la nuit ― masse d’eau furibonde
Heurtant sur les rochers sa course vagabonde,
Et qui, cachant la mort dans ses traîtres détours,
Épouvante