Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/286

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Bien du sang généreux fut versé sur la route ;
Sur les foyers détruits, bien des yeux ont pleuré ;
Mais, malgré nos revers, peuple régénéré,
Nous avons su montrer ― que l’heure en soit bénie ! ―
Ce que peut un vaincu contre la tyrannie.

Au reste, l’on a vu le parlement anglais
― Qui ne vient pas souvent pleurer dans nos gilets,
Et qu’on accuse peu de choyer ses victimes ―
Déclarer par le fait nos griefs légitimes.
Les droits qu’on réclamait, il les reconnut tous !

Et l’on nous traite encor de drôles et de fous !...

Mais l’insensé qui blâme avec tant d’assurance,
Si l’on ne lui fait plus crime d’aimer la France,
S’il n’a plus sous le joug à passer en tremblant,
S’il possède le sol, s’il mange du pain blanc,
S’il peut seul, à son gré, taxer son patrimoine,
S’il vend à qui lui plaît son orge ou son avoine,
Si des torts d’autrefois il a bien vu la fin,
S’il peut parler sa langue, et s’il est libre enfin,