Page:Frémont - Les Français dans l'Ouest canadien, 1959.djvu/168

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de la Fédération. Le président actuel est un Français, le Dr Léon Beaudoing, qui a passé par la Saskatchewan. La deuxième secrétaire générale fut Mlle Isabelle de la Giroday, mieux connue sous le nom de Mme Burnada, qui apporta à sa tâche un inlassable dévouement.

À Victoria, la vie française suit la même progression qu’à Vancouver. En plus de l’activité du cercle local de la Fédération, la Librairie française, fondée par Mme Walsh — une Française canadianisée par plusieurs années de séjour à Saint-Boniface — fut un lieu de rencontre pour les compatriotes de la ville et de l’extérieur[1]. L’élément de langue française est aussi groupé dans les centres de Duncan, de Chemainus et de Nanaimo.

Une constatation qui s’impose est l’attrait exercé par la Colombie-Britannique sur la population des autres parties de l’Ouest. Les francophones d’extraction européenne y succombent comme les autres. Pas de centre français qui ne compte de ses enfants et même des familles entières transplantés quelque part dans la province du Pacifique. On se demandera peut-être quel profit, matériel ou autre, des fils de cultivateurs indépendants de l’Ouest peuvent avoir à émigrer vers les centres industriels de cette région. N’y a-t-il pas là pour eux une sorte de déchéance sociale ?

Nous assistons simplement à un phénomène que l’Est du pays connaît depuis longtemps déjà. Les provinces de la Prairie ne sont plus ce qu’elles étaient il y a vingt ou trente ans. Elles n’ont plus de terres gratuites à offrir aux jeunes qui, d’ailleurs, ne se sentent pas tous portés vers la culture. Même si leur population accuse un léger fléchissement au bénéfice de la côte du Pacifique, il ne faudrait pas se hâter d’en conclure à la décadence prochaine de l’Ouest agricole. La mécanisation générale a révolutionné le labeur de la ferme, qui produit davantage avec une main-d’œuvre substantiellement réduite. Une partie des travailleurs doit donc se tourner vers l’industrie, à laquelle les convie l’exploitation rémunératrice d’abondantes ressources naturelles. Il est à noter aussi qu’un bon nombre des nouveaux venus en Colombie-Britannique sont de vieux agriculteurs qui, leur vie active achevée, cèdent au désir légitime d’aller finir leurs jours sous un climat plus tempéré.[2]

  1. Errata : La Librairie française eut deux co-fondatrices, Mme McBride (Rose-Blanche Arcens), de Toulouse, et Mme Walsh (Rose-Marie Fréville, de Vimy, la première demeurant seule pendant les dernières années.
  2. Ma sincère gratitude à M. Jean-Baptiste Paris, qui m’a fourni une documentation abondante sur l’époque contemporaine de la Colombie-Britannique et m’a secondé avec un zèle tout patriotique.

    Mme Paule Linehan et Miss Kay Cronin m’ont aussi bien aidé dans mes recherches.

    Bruce Hutchison, The Unknown Country, Toronto, 1943. pp 329-331.