Page:Frémont - Les Français dans l'Ouest canadien, 1959.djvu/30

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différent. L’ancienne grève sur laquelle Serkau avait les yeux, si belle il y a quarante ans, aujourd’hui envahie par les hautes herbes et presque abandonnée, se réduit à une petite bande de sable peu accueillante. La plus jolie plage se trouve à quatre ou cinq milles du village, vers l’ancienne propriété Mougin. D’accès facile, elle est le rendez-vous des citadins qui recherchent la tranquillité. Mais avec ou sans station balnéaire à la mode, Saint-Laurent garde sa renommée première de grand centre d’élevage, de culture et de fromagerie. Ce qui prouve que le duc de Blacas et le comte de Simencourt — dont le souvenir s’estompe dans la brume du passé — avaient eu le coup d’œil juste.

Pendant l’âge d’or de l’immigration, l’influence française s’étendit jusqu’à un point situé à une trentaine de milles au nord. L’abbé R. Lemercier, du diocèse de Vannes, sans venir lui-même sur place, y dirigea des paysans de la Savoie et de la Lozère, qui s’installèrent sur des concessions gratuites. À cette petite colonie il donna le nom de son diocèse d’origine. Plus tard, elle prit celui d’Abbéville, en souvenir d’un autre prêtre, l’abbé E.-J. Labbé, qui en fut le premier desservant. Le noyau primitif de Lozériens et de Savoyards se vit rapidement submergé par des éléments divers : Canadiens français, Flamands, Anglais, Métis et autres.