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Page:Frémont - Les Français dans l'Ouest canadien, 1959.djvu/80

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deux frères René et Robert Déprés, de Reims, venus peu avant la guerre de 1914, sont depuis ce temps au service de l’Hôtel Royal-Alexandra.


Revenons à Saint-Boniface

Revenons à Saint-Boniface. Adolphe Guyot, qui fut l’un des colons de Fannystelle, a vécu surtout à Saint-Boniface. L’un des fils, Gilles, est le meilleur acteur comique du Cercle Molière. Monique et Benoît font également partie de la troupe. L’ainée, Léonie, est institutrice à l’École Provencher et membre du comité exécutif de l’Association d’Éducation. Un neveu, le Dr Henri Guyot, jouit d’une belle réputation comme médecin.

La famille Billard tenait, à Lyon, un commerce de boucherie-charcuterie. La mère, une femme de tête, vint s’établir à Saint-Boniface avec son fils et sa fille. Mme Billard et Charles repassèrent au pays natal après la guerre. Ce dernier revint à Montréal où il tint jusqu’en 1955, date de sa mort, une agence de tissus, laines et dentelles de France.

Simon Blanc, boucher de Lyon, venu en 1904, tint d’abord une maison de pension à Saint-Boniface. Sa femme et lui avaient grand cœur. Ils hébergèrent beaucoup de jeunes compatriotes sans travail. Blanc reprit son ancien métier. Leur fils Georges a épousé Gabrielle Garnié ; leur fille Jeanne est devenue Mme Auger.

Charles Vampoulle était des environs de Cambrai (Nord) et sa femme, de Bordeaux. Dans son minuscule magasin de la rue Langevin, plein à craquer d’objets religieux et d’ornements d’église, il fit des affaires d’or. Partis tous deux en 1914, ils ne sont pas revenus. Émile Létienne, de Lyon, se lança plus tard dans le même commerce. Il fut longtemps président de l’Union Nationale Française. Le plus jeune de ses fils, Claude, a pris la suite des affaires. Les trois autres sont médecins : Gérard à Winnipeg, René à Montréal et Louis à Trois-Rivières.


Une profusion de Lyonnais

Que de Lyonnais parmi ces Français établis à Saint-Boniface ! Et ce n’est pas tout. Georges Chavannes trahit aussi son origine. Ardent patriote et toujours prêt à donner de sa personne, il a été mêlé à tous les mouvements d’intérêt public.

M. et Mme Lafond, charcutiers réputés venus aussi de Lyon, eurent une grosse clientèle et réussirent à souhait. Après fortune faite, ils retournèrent vivre dans leur pays natal. Encore des charcutiers, mais du Nord ceux-là : les Delmarque. Un des fils, Gabriel, fait toujours des pâtés et du boudin. Constant est un fourreur bien connu. Un autre Delmarque, Christophe, cousin des précédents, est aussi dans le commerce de la viande à Saint-Boniface et à Winnipeg.

Les trois frères Marchand, du Loroux-Bottereau (Loire-Atlantique), tous disparus, ont laissé un excellent souvenir. Georges, mécanicien, travailla longtemps aux carrières de Tyndall. Sa femme, Joséphine, était originaire de Saint-Joachim (Loire-Atlantique). L’ainée des filles, Raymonde, est l’une des meilleures actrices du Cercle Molière. Sa sœur Germaine a épousé Jean Valmont, de Gérardner (Vosges), orphelin de guerre, pupille de la nation, chef cuisinier au Manitoba Club ; ils ont trois enfants. Georges est cuisinier à Détroit et père de deux enfants. Édouard et Auguste Marchand étaient des plâtriers experts dans leur métier. Édouard fut l’un des premiers Français du Manitoba à tomber au champ d’honneur. Il avait deux filles, actuellement en France avec leur mère. Ces deux frères Marchand étaient alliés par mariage aux deux frères Rialland, d’Issé (Loire-Atlantique). L’un, Adrien, vit maintenant avec sa femme dans la province de Québec et leur fille, Yvonne, a épousé un journaliste canadien-français, Julien Morissette. L’autre, Joseph, est mort il y a quelques années à Winnipeg. Un cousin des Rialland, Marcel Fraslin, publia quelque temps, avant la première guerre, Le Canadien Français, organe de la Société de Colonisation.

Félix Belot et sa femme, deux orphelins de l’Assistance publique, avant d’occuper leur belle ferme laitière aux portes de la ville, connurent une existence moins confortable dans la Saskatchewan. Le passage de ces Lyonnais au Manitoba fut en quelque sorte le fait de l’armée française. Le colonel du régiment, dont il était l’ordonnance, glissa un jour à l’oreille de Belot que sa vraie place dans le civil serait sur une ferme de l’Ouest canadien. Prit-il ce conseil pour un ordre ? En tout cas, il ne regretta jamais de l’avoir suivi. L’entreprise édifiée par le père et la mère continue de prospérer entre les mains des enfants.

En juin 1910, le Vendéen Camille Teillet épousait Sarah Riel, petite-nièce de Louis Riel. Il épousa en même temps la cause des Métis, dont il est devenu l’un des chefs les plus ardents. Plusieurs de ses fils et gendres ont fait la dernière guerre dans l’armée canadienne. Roger Teillet est député provincial de Saint-Boniface.

Soulignons ici en passant que sur les cinq représentants de langue française qui siègent à l’Assemblée législative du Manitoba, on compte trois fils de Français nés au pays. Les deux autres sont Gildas Molgat (Sainte-Rose) et Marcel Boulic (Cypress). Celui-ci détient dans le cabinet le portefeuille du Secrétariat provincial.


Le chapitre des jardiniers

Il y aurait tout un chapitre à consacrer aux jardiniers français de Saint-Boniface.

Deux beaux types d’entre eux, très populaires, furent Eugène et Adrien Sourisseau. Venus de l’île de Ré (Charente-Maritime) vers 1907, tous deux, au bout d’un an, retournèrent chercher femme au pays natal, puis s’installèrent avec leurs épouses côte à côte, rue