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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/16

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L’ANNÉE LITTÉRAIRE.

ment, ſe manifeſte tous les jours dans M. de la Harpe ? Ne le voit-on pas pardonner à ſes ennemis, prôner ſes rivaux, ſe placer au-deſſous d’eux relever leur mérite, taire leurs défauts ? Qui ne connoît le peu d’importance qu’il attache à ſes productions ? Qui peut ignorer qu’il ne ſe loue point, qu’il ne ſouffre pas même qu’on le loue, qu’il ſupporte avec la plus douce réſignation la critique de ſes ouvrages, qu’il n’a jamais compoſé de ſatyre contre perſonne ? Eſt-il entré dans aucune intrigue, dans aucune ſecte, dans aucune querelle Littéraire ? Eſt-il queſtion de lui dans tout ce qu’il donne au Public ? Son amour-propre, s’il en a, choque-t-il celui des autres ? Il eſt évident que, dans deux carrières différentes, Catinat & M. de la Harpe ont entr’eux une analogie ſi marquée, qu’il eſt probable que, ſi le ſage M. de la Harpe eût vêcu ſous Louis XIV & Catinat ſous Louis XVI, Catinat attiré, à ſon tour comme malgré lui, ſe ſeroit vû obligé, par cette force attractive, de faire l’éloge de M. de la Harpe.