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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/540

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cuſe, où il prétexte qu’il eſt obligé de retourner aux Indes. Elle conçoit qu’elle a été jouée. Un inſtant après arrive un ſecond billet ; ce dernier eſt de ſon mari, qui lui déclare qu’un inconnu lui a remis ſes lettres à Cardonne, qu’il ſçait tout, & qu’il lui fait un éternel adieu. Tous les moyens qu’elle emploie pour ſe juſtifier, ſont inutiles. La honte l’empêche de reſter dans la Capitale ; elle va précipitamment, ſe réfugier dans un vieux Château qui lui appartenoit en Bourgogne. Les premiers mois ſont donnés tout entiers à la douleur ; mais le beſoin de la diſſipation l’emporte ; elle prend une maiſon à Autun, & ſe livre plus que jamais à tous les plaiſirs. Au milieu de cette vie agitée, le premier penchant qu’elle avoit eu pour ſon mari dominoit toujours dans ſon cœur & le rempliſſoit d’amertume. Mais il réſiſtoit à toutes ſes inſtances. Profondément bleſſé, il éprouvoit des atteintes d’une mélancolie qui le conduiſoit lentement à la mort. Madame de Rozane forme le projet de ſe ſervir de ſa fille, unique fruit de leur