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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/117

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au fond d’un gouffre pour avoir le plaisir d’escalader le Mont-Blanc et de fouler aux pieds les nuages de la Suisse.

On ne doit donc pas s’étonner que la cour d’assises possède ses fervens.

Les bons bourgeois qui, émus par la lecture de quelque feuilleton bien dramatique, ont envie de voir des criminels réels, en chair et en os ; les jeunes personnes délicates à la recherche d’émotions violentes ; les rêveuses d’Antonys ; les coquettes épiant l’occasion d’exhiber un chapeau dernière mode ; les pauvres diables qui ont froid dehors, et voudraient bien se chauffer gratis ; les parens et amis des jurés auxquels on a offert des cartes et qui tiennent à voir leurs proches remplir des fonctions aussi terribles que peu rétribuées, aussi délicates qu’éphémères ; les rares amateurs qui aiment entendre bien plaider et le très-nombreux public pour lequel la cour d’assises est un théâtre et le procès un drame, se frottent les mains à l’ouverture de chaque session criminelle.

La cour d’assises ! Rien que ce nom évoque toute une série de grands souvenirs tragiques. Elle tient tout entière dans ces deux mots, ce que nous appelons la justice des hommes, et dont la terrible sanction est parfois la guillotine. Au milieu d’institutions qui s’effritent