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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/15

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cours Boieldieu comme les arbres, comme la statue de l’auteur de la Dame Blanche, comme les barriques qu’on aperçoit plus loin, comme les mâts des navires, comme les ministres protestans de l’hôtel d’Angleterre, comme les fiacres qui ne marchent pas, comme les tas d’ordures que la vigilance du service de voirie laisse accumulés dans les ruisseaux de la ville.

Comment la race des « soleils » se perpétue-t-elle ? ce n’est certainement pas par l’hérédité, car on voit fort peu de ces tristes individus capables de faire des enfans. La scrofule et l’alcool, les souffrances physiques endurées, les longs mois passés dans les maisons centrales, tout cela devient un empêchement à la paternité… sans parler des femmes ignobles, les seules qui puissent jamais consentir à ces accouplemens étranges sous les ponts ou sur la colline Sainte-Catherine.

D’ailleurs, le « soleil » meurt jeune ou il devient fou. C’est fatal ; il n’y a pas d’exception à la règle. Quand il commence son genre d’existence à dix-huit ans, il est « flambé, » c’est le cas de le dire, à trente ou trente-cinq ans. La pthisie enlève tous les ans aux hôpitaux de Rouen des centaines de jeunes hommes de cet âge qui succombent victimes