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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/16

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d’eux-mêmes, de leur désœuvrement, de leur paresse, des habitudes de boire du poison, contractées dans les bouges immondes dont quelques-uns s’épanouissent dans les quartiers les plus fréquentés de la ville.

Non, ce qui assure la perpétuité de cette race, c’est la perpétuité assurée du vice ; c’est le contingent qu’apporte chaque année à cette population particulière le résultat des misères, des malheurs et des défaites dans cette grande lutte pour la vie, où les vaincus ne meurent pas toujours, — malheureusement pour eux !

En parcourant pour bien les étudier, toutes les catégories de « l’horrible » à Rouen, il nous a été donné de voir, de connaître quelques-uns de ces types embourbés petit à petit, s’enlisant chaque jour davantage, se voyant perdus et sachant très-bien qu’il leur était impossible de se sauver. Nous en avons vu qui, dans leurs heures de lucidité, acceptaient tranquillement, l’horreur de leur sort ; nous avons vu chez d’autres, lorsque la raison luttait encore contre l’abrutissement du fil-en-quatre, des désespoirs navrants, des révoltes superbes, mais hélas trop courtes et qui ne laissaient même plus à l’homme « vidé, » la force ou le courage de se tuer, à l’heure où l’écœurement de lui-même le prenait.

Car, parmi ces individus, il y a des êtres