humains de toutes les catégories, qui ont roulé lentement jusqu’au gouffre final ; il y a des hommes qui ont occupé des fonctions civiles relativement importantes, qui jouissent, par conséquent, d’une certaine culture intellectuelle et se rendent compte de toute leur ignominie dans leurs momens de lucidité.
Un jour, un de ceux-là tomba foudroyé par l’apoplexie, en plein cabaret. On le transporta à la Morgue, et, quelque temps après, on apprit avec stupeur qu’il avait été notaire dans le Nord et qu’il était encore chevalier de la Légion-d’Honneur.
Une autre fois, cent cinquante « soleils » se trouvaient réunis en un banquet copieux, célébré dans un des « caboulots » de la rue de la Savonnerie, pour boire à la chance d’un de leurs camarades, un ancien fils de famille, qui venait d’hériter d’une fortune assez considérable. Celui-là s’est amendé et, après avoir fait ses adieux à ses compagnons de misère, il s’est retiré dans la province de Constantine.
Nous venons de parler de la rue de la Savonnerie ; on peut dire que c’est là le quartier général des « soleils ; » c’est là qu’ils se réunissent pour boire, pour chanter,