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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/245

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croulantes sous le poids des années, dans le tohu-bohu des anciens quartiers, dans la danse des immeubles branlans, penchés, tordus comme des vieillards infirmes, couverts de taches blanches de « rabibochages » qui ressemblent à de la lèpre, on rencontre tel ou tel taudis qui fait rêver aux sorcelleries d’antan ; il semble que les gens demeurant là ne doivent pas ressembler à tout le monde…

Et, si vous entendez parler, autour de la fontaine de la Croix-de-Pierre, d’un enfant délivré d’une entorse par le « rebouteux, » ou d’un mal de dents par le « guérisseur, » vous arrivez insensiblement à vous imaginer que c’est peut-être vrai.

Alors, si vous êtes plus curieux, si vous voulez pénétrer dans l’antre de « l’homme surnaturel, » vous serez tout étonné de vous trouver en face d’un petit vieux, ridé comme une pomme de Canada. Il manifestera d’abord une sorte de crainte — justifiée d’ailleurs par certain article du code, interdisant l’exercice illégal de la médecine — mais le vieux ne tarde pas à se rassurer ; il vous entraîne dans une petite pièce, où une couronne d’oranger sèche sous un globe. Pas de décorum ; — d’ailleurs tout est simple maintenant chez les sorciers, et certains salons de somnambules sont — horresco referens !