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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/246

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meublés de reps vert comme le salon d’un petit rentier paisible ; les fenêtres sont voilées par des rideaux à ramages, comme on en trouve dans les hôtels meublés d’une certaine apparence.

« — Asseyez-vous, monsieur ; pourquoi êtes-vous venu me trouver ? » — « J’ai mal aux dents ; on m’a dit que vous aviez un remède infaillible, et je suis accouru vers vous. »

Le petit vieux reprend tranquillement : « Aucun homme n’est infaillible ; mais, si vous avez la foi, vous serez guéri. » Il prend un long clou dans une boîte de carton, touche la dent qui fait souffrir, descend quelques marches de son escalier de bois et enfonce ce clou dans la rampe.

C’est là tout le sortilège.

Et quand vous demandez votre note, on vous répond que vous ne devez rien. Vous êtes obligé d’insister pour faire accepter votre obole.

Puisqu’il est établi que les petits ruisseaux font les grandes rivières, le vieux rebouteux doit être riche si chaque clou qu’il a enfoncé lui a rapporté seulement quarante sous.

Mais ce qui l’embarrasse, c’est qu’il sera avant peu obligé de changer la rampe de son escalier, où il n’y aura bientôt plus de place pour la tête… d’un clou.